6/7 – Les Poilus de St Saturnin lès Avignon et de Jonquerettes – classes 1914 à 1915

L’association de généalogie de St Saturnin lès Avignon vous propose de découvrir le parcours des poilus de notre paisible village provençal. Voilà des semaines que nous sommes sur leurs traces, de leur départ sur le Front, les accompagnant dans l’enfer des tranchées jusqu’à leurs derniers instants, au combat ou sur un lit d’hôpital. Bien entendu, les hommages nationaux se multiplient avec le centenaire de l’Armistice. Toutefois nous vous proposons de mettre en avant « nos » 48 poilus, en les présentant des classes les plus âgées aux plus jeunes. St Saturnin et Jonquerettes, ils y sont nés, ou y ont résidé. Ils y ont joué enfant, dans nos cours d’école, y ont emprunté nos rues ou travaillé dans nos champs, ont participé à la vie de notre village avant le Grand départ depuis la gare d’Avignon. Ils ont laissé derrière eux des enfants, des épouses, des parents. Leurs histoires sont les nôtres, il y a tout juste 100 ans. 

Aurélie BATTU, Régine CONFALONIERI et Jean Louis CRAPONNE

6ème épisode: des classes 1914 à 1915. BERNARD Marius Louis, GUERAUD Jean Marie, JEAN Eugène, BOUCHE Antonin, CEBE Georges Claude, CHAUTARD René, MARCELIN Étienne, NITARD Victor Joseph et SAUVAN Marcel François

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Classe 1914: BERNARD Marius Louis, mort à 21 ans

BERNARD Marius Louis, fils de Joseph Dominique et de Virginie ROUCHON, est né le 12 mai 1894 à St Saturnin. Sur le recensement de 1911, Marius vit dans le centre du village avec sa mère, sa sœur Fernande et son frère Élie Lucien. En avril 1914, il épouse Angeline GAINTRAND. Un petit Charles Albert voit le jour le 26 septembre 1914, après la mobilisation de Marius.  Il exerce la profession de journalier chez M. FABRE lorsque la guerre éclate.

Incorporé au 38e régiment d’artillerie de campagne, il passe ensuite au 22e régiment d’infanterie coloniale de Marseille. Blessé le 25 septembre 1915, il décède le 30 prés de Minaucourt (Marne). Marius Louis est enterré dans la nécropole nationale de Pont du Marson (tombe 1013). Le malheur frappera encore la famille puisque le petit Charles Albert décédera en janvier 1916, à l’âge de 16 mois.

Matricule 486—Bureau d’Avignon– Mort pour la France—Inscrit sur le monument aux morts de St Saturnin. Son nom figure également sur la plaque commémorative de la mairie et sur le livre d’or de la commune.

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Classe 1914: GUERAUD Jean Marie, mort à 24 ans

GUERAUD Jean Marie Alphonse Fidelin nait le 19 aout 1894 à Villard-Reculas (Isère). Fils de Marius et de Joséphine MICOUD, Jean Marie n’apparait pas sur le recensement de 1911 alors que ce document note son père, papetier, résidant quartier de Gromelle. Jean Marie y épouse Marie Ada Anna IMPERIALI en mai 1914. Deux enfants naitront de leur union, Irène en juillet 1915 et Armand en septembre 1917.

Mobilisé, Jean Marie est incorporé au 58e RI d’Avignon à compter du 17 décembre 1914 puis passe au 149e RI d’Epinal en mai 1915, régiment dans lequel il sera promu caporal (1er mars 1918) puis sergent (11 juin 1918). Dès juillet, il reçoit une citation pour son courage.

Jean Marie est tué  le 13 octobre 1918 sur le champ de bataille du secteur d’Orfeuil (Ardennes). Sa deuxième citation relate les conditions de son décès. Son corps est enterré dans la nécropole nationale d’Orfeuil.

« Par son énergie et son exemple, a maintenu son équipe de F.M. sous le feu violent de mitrailleuses préparent l’assaut et a enrayé ensuite la progression ennemie. » citation 211 du 11 juillet 1918

« Sous-officier chef de demi section très énergique, entraineur d’hommes. A l’attaque du 13 octobre 1918 en conduisant sa section, a eu les deux jambes coupées par des éclats d’obus au moment où il arrivait sur sa position. Mort de la suite de ses blessures.» citation 233 du 4 novembre 1918

Matricule 233—Bureau d’Avignon– Mort pour la France—Son nom est inscrit sur le monument aux morts de St Saturnin, ainsi que sur la plaque commémorative de la mairie et sur le livre d’or de la commune.

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Classe 1914: JEAN Eugène, mort à 21 ans

JEAN Eugène Marie Séraphin nait le 9 aout 1894 à St Saturnin. Fils de Lucien Paul et de Virginie NOGIER, tous deux instituteurs, Eugène, bachelier, réside à Orange lors de sa mobilisation en septembre 1914.

Incorporé au 163e régiment d’infanterie, il passe au 13e régiment d’infanterie en février 1915. Eugène est tué le 1er avril 1915 au Bois le Prêtre (Meurthe et Moselle) et est inhumé au cimetière de la ferme du Pétang (Montainville).

Matricule 394—Bureau d’Avignon— Mort pour la France –Son nom est inscrit sur le monument aux morts et le livre d’or d’Orange.

 

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Classe 1915: BOUCHE Antonin, mort à 26 ans

BOUCHE Antonin, fils de Louis François et de Pauline FAVIER, nait à St Saturnin le 14 janvier 1895. La famille suit le père, tantôt charretier, tantôt ouvrier d’usine, dans les différentes villes où celui-ci trouve du travail: Orgon, St Saturnin, Entraigues et enfin Avignon où Antonin est recensé en 1911. Il exerce alors la profession de cocher-livreur.

A la déclaration de la guerre, père et fils sont mobilisés. Antonin est incorporé au 163e RI de Nice à partir du 17 décembre 1914. Il est blessé aux oreilles par éclats de bombe à Flirey (Meurthe et Moselle) le 31 juillet 1915. Quelques semaines plus tard, il est évacué (22 novembre 1915) à Moully (Meuse) pour une bronchite. En réalité, Antonin a contracté une tuberculose pulmonaire (il est possible que ce soit la grippe espagnole et ses conséquences pulmonaires) en service dont il ne guérira pas. Réformé temporaire, il rejoint le domicile familial à Avignon mais ne retournera jamais au Front. Il décède le 1er aout 1921 à l’âge de 26 ans à Avignon et est reconnu mort pour la France en mai 1930. Antonin est officiellement le dernier poilu saint-saturninois mort pour la France.

Louis, son père, aura été mobilisé du 7 août 1914 au 25 décembre 1918. (matricule 687—classe 1894)

Matricule 1464—Bureau d’Avignon—Mort pour la France. Son nom ne figure sur aucun monument aux morts, ni sur un livre d’or.

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Classe 1915: CEBE Georges Claude, mort à 21 ans

CEBE Georges Claude, fils de Célestin et de Marie Lucie COLOMBIER, voit le jour à St Saturnin le 6 juillet 1895. Journalier, puis papetier à Gromelle, il vit quartier des Grès avec sa mère et ses trois frères en 1911.

Il intègre le 27e Bataillon alpin de chasseurs à pied de Menton le 27 décembre 1914. Les bataillons de chasseurs à pied sont composés généralement d’hommes de petite taille (Georges mesure 1m59), très vifs et excellents tireurs. Ces bataillons rapides agissent en tirailleurs à l’avant de l’infanterie. En novembre 1916, le 27e bataillon est mobilisé sur le secteur du bois de Saint-Pierre-Waast (Somme). Le 5 novembre, une attaque est menée sous le feu violent d’artillerie et de mitrailleuses. Georges est tué  lors des combats, comme 32 autres soldats de son bataillon. Ce jour là, le 27e BCP compte également 170 blessés et 256 disparus.

Matricule 922—Bureau d’Avignon– Mort pour la France—Son nom figure sur le monument aux morts de St Saturnin ainsi que sur la plaque de la mairie, le livre d’or de la commune ainsi que sur l’historique du 27e BCP (Gallica)

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Classe 1915: CHAUTARD René, mort à 20 ans

CHAUTARD René Joseph Marie, né le 7 décembre 1895 à Dijon, est le fils d’Étienne et de Marie Joséphine CHIREIX. Un des témoins de sa naissance est René CHAUTARD, son grand père, domicilié à St Saturnin.  René est mécanicien et vit avec sa famille dans le 7e arrondissement de Lyon en 1914.

Mobilisé en décembre 1914, René intègre brièvement le 14e bataillon de chasseurs à pied avant de passer au 114e bataillon de chasseurs en janvier 1915. Il est ensuite incorporé au 2e groupe d’aviation en juillet 1915.

René décède d’une maladie contractée en service à l’hôpital militaire de Desgenettes de Lyon le 22 juillet 1915. Son corps est enterré au cimetière de St Saturnin.

Matricule 1623—Bureau de Lyon Central— Mort pour la France– Son nom est inscrit sur le monument aux morts de St Saturnin et la plaque commémorative de la mairie ainsi que sur le livre d’or de Lyon

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Classe 1915: MARCELIN Étienne Joseph, mort à 20 ans

MARCELIN Etienne Joseph nait à Vedène le 4 novembre 1895. Fils de Louis et de Marie Magdeleine LAGET, Joseph est papetier à Gromelle lorsqu’il est mobilisé en décembre 1914.

Incorporé au 97e RI, 15e compagnie, Joseph est tué le 24 juin 1915 devant Souchez (Pas-de-Calais) au terme de combats héroïques.

Les groupes épars souvent sans chef, s’élancèrent le 16 juin à l’heure H dans la fournaise et dans la mort. Un cuisinier, Chapuis, voyant un de ces groupes, composé de bleuets de la classe 1915 hésiter, prit un fusil et s’élança à leur tête. Mais isolés, perdus dans la tourmente, renversés par les explosions et la fusillade, les assaillants sont cloués sur le sol. Le 1er bataillon est seul parvenu au cimetière de Souchez il reste 3 jours et 3 nuits et l’abandonne enfin, n’ayant plus ni munitions, ni vivre, réduit à 3 officiers et 100 hommes environ. La bataille est terminée. Le rêve de la percée s’est évanoui, de dures réalités lui succèdent. Durant tout l’été, le régiment demeure sur ce sol que les obus de 150 ou 210, les mines de toute nature ne cessent de bouleverser. Il fait une chaleur torride. Les pauvres morts dont le nombre s’accroit sans cesse, gisent sur le sol et dégagent une terrible odeur, des nuées de mouches obscurcissent l’air par instant, le ravitaillement est toujours difficile, on est sans abris, on a soif et pourtant pas une plainte. Tous, chefs et soldats, accomplissent stoïquement leur devoir, forment, morts et vivants, barrière à l’envahisseur.

Durant ces bombardements (entre le 24 et 28 juin) son régiment perd 53 hommes.

 

Matricule 512—Bureau d’Avignon— Mort pour la France- Son nom est inscrit sur les monuments aux morts de St Saturnin et de Vedène, les plaques commémoratives des deux mairies ainsi que sur le livre d’or de Vedène.

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Classe 1915: NITARD Victor Joseph, mort à 21 ans

NITARD  Victor Joseph, fils de François Joseph et de TOURRE Marie, cousin germain d’Albert Joseph (classe 1911), est né le 10 septembre 1895 à St Saturnin. Journalier, il vit dans le centre du village en 1911 avec sa mère et sa tante.

Ayant atteint l’âge du service militaire, il est incorporé au 38e régiment d’infanterie en décembre 1914, puis passe à la 53e division d’infanterie, 224e RI en novembre 1915. Après un bref séjour à Harbonnières et dans le ravin des Baraquettes, le 224e RI remonte en ligne dans le secteur d’Estrées (Somme). Il y occupe le village, sauf un ilôt de maisons encore aux mains de l’ennemi. C’est lors de combats pour reprendre cette zone que Victor  est tué le 7 juillet 1916, comme 16 de ses camarades.

Matricule 971—Bureau d’Avignon— Mort pour la France—Son nom est inscrit sur le monument aux morts de St Saturnin, ainsi que sur la plaque de la mairie et le livre d’or de la commune

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Classe 1915: SAUVAN Marcel François, mort à 26 ans

SAUVAN Marcel François, fils de Samson Théophile et de Marie Augustine CHARBONNEL, est né à Mazan le 10 avril 1895 (et non 1890 comme indiqué sur sa fiche MPF).  Papetier, il vit avec sa mère, son frère (exempté), sa nièce et son oncle maternel quartier des Aires en 1911.

Marcel est incorporé au 3e régiment d’infanterie de Digne en décembre 1914. Il passe ensuite au 111e RI puis au 55e RI en  juin 1915. En aout 1915, son régiment est installé dans le secteur de Perthes les Hurlus (Marne) et subit la guerre des tranchées. De fréquentes explosions de mines et de contre-mines rythment les journées des soldats.

Photo extraite du JMO du 55e RI – Aout 1915

Marcel est tué le 8 aout 1915 sur la côte 304 d’Haucourt-Malancourt (Meuse), par l’explosion une mine, comme 6 de ses camarades. Son corps est probablement enterré au cimetière de la Maison Forestière (source service de santé du 55e RI).

 Matricule 990—Bureau d’Avignon– Mort pour la France—Son nom est inscrit sur le monument aux morts de St Saturnin, ainsi que sur la plaque commémorative de la mairie et le livre d’or de la commune

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A suivre …

1918. Du deuil national à la mémoire locale – St Saturnin lès Avignon

1/7 – Les Poilus de St Saturnin lès Avignon et de Jonquerettes – classes 1893 à 1900

2/7 – Les Poilus de St Saturnin lès Avignon et de Jonquerettes – classes 1901 à 1904

3/7 – Les Poilus de St Saturnin lès Avignon et de Jonquerettes – classes 1905 à 1908

4/7 – Les Poilus de St Saturnin lès Avignon et de Jonquerettes – classes 1909 à 1911

5/7 – Les Poilus de St Saturnin lès Avignon et de Jonquerettes – classes 1912 à 1913

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