4/7 – Les Poilus de St Saturnin lès Avignon et de Jonquerettes – classes 1909 à 1911

L’association de généalogie de St Saturnin lès Avignon vous propose de découvrir le parcours des poilus de notre paisible village provençal. Voilà des semaines que nous sommes sur leurs traces, de leur départ sur le Front, les accompagnant dans l’enfer des tranchées jusqu’à leurs derniers instants, au combat ou sur un lit d’hôpital. Bien entendu, les hommages nationaux se multiplient avec le centenaire de l’Armistice. Toutefois nous vous proposons de mettre en avant « nos » 48 poilus, en les présentant des classes les plus âgées aux plus jeunes. St Saturnin et Jonquerettes, ils y sont nés, ou y ont résidé. Ils y ont joué enfant, dans nos cours d’école, y ont emprunté nos rues ou travaillé dans nos champs, ont participé à la vie de notre village avant le Grand départ depuis la gare d’Avignon. Ils ont laissé derrière eux des enfants, des épouses, des parents. Leurs histoires sont les nôtres, il y a tout juste 100 ans. 

Aurélie BATTU, Régine CONFALONIERI et Jean Louis CRAPONNE

4ème épisode: des classes 1909 à 1911. ARNAUDET Pierre Gabriel, SOURDON Paul, BUISSON Paul, TESTE Raphaël, CLÉMENT Charles, MOREL Norbert et NITARD Albert

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Classe 1909: ARNAUDET Pierre Gabriel, mort à 28 ans

ARNAUDET Pierre Gabriel, né le 31 mars 1889 à St Saturnin, est le fils de François et de Fanny ALLEMAND. La famille réside à Velleron en 1910.

A la mobilisation générale, il est affecté au poste de canonnier tout d’abord au 10e RAP puis au 62e RAC (mars 1915), et enfin au 3e Régiment d’Artillerie Coloniale, 106e batterie de bombardier (septembre 1915). Dans un premier temps déclaré disparu (9 mai), Pierre est déclaré mort le 10 mai 1917 par éclat d’obus à Clamecy /Banc de Pierre (Aisne). L’annonce de son décès n’a pas dû être immédiate étant donné que son père a fait des démarches auprès de la Croix Rouge, en obtenant une réponse négative en juillet 1917.

Pierre Gabriel était le cousin germain d’ARNAUDET Pierre François (classe 1916) , tué lui aussi au front en octobre 1918.

Matricule 550—Bureau d’Avignon– Mort pour la France—Son nom est inscrit sur le monument aux morts et le livre d’or de Velleron

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Classe 1909: SOURDON Paul Adrien, mort à 25 ans

SOURDON Paul Adrien est né à Carpentras le 4 mars 1889. Fils de Pascal et de BONNEFOUX Augustine, il est maçon et réside avec ses parents à Monteux lorsqu’il effectue son service militaire en 1910.  Il réside ensuite à St Saturnin où il épouse Geneviève GIRARD (sœur d’Albert classe 1904) le 14 aout 1913.

Lors de la mobilisation générale Paul intègre le 2e régiment de zouaves et part en renfort avec son régiment à Tracy –le-Mont  (Oise) où il disparait le 19 septembre lors d’un combat dans la fôret de Laigue.

La « Brigade marocaine » se dévoua pour ses camarades d’Afrique et fut sublime. Elle s’élança sur Carlepont. Après plusieurs tentatives infructueuses et sanglantes, finit par y pénétrer, livra dans la nuit un horrible combat de rues, permit à la 37ème division d’échapper à la tenaille allemande et de se replier sur Tracy-le-Mont et Tracy-le-Val. Pendant ces trois journées de combats ininterrompus, le 2ème Zouaves venait de barrer la route de Paris et de briser les efforts de l’ennemi. Après être resté un jour en cantonnement d’alerte à Tracy-le-Mont, le 2ème Zouaves était lancé à nouveau dans la mêlée. Une division, pressée par un ennemi très supérieur en nombre, et qui avait accumulé un formidable matériel d’artillerie lourde, venait de lâcher pied à notre droite; il fallait reconquérir le plus possible de terrain perdu.

Sa famille entreprend des recherches auprès de la Croix Rouge en dernier recours en novembre 1917. Après de multiples demandes, La Croix Rouge lui transmet une réponse négative en juillet 1918. Un jugement déclaratif de décès du tribunal d’Avignon est rendu le 6 mai 1920.

 Matricule 683—Bureau d’Avignon–Mort pour la France—Son nom est inscrit sur les monuments aux morts de St Saturnin et de Monteux ainsi que sur la plaque commémorative de la mairie de St Saturnin et le livre d’or de la commune.

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Classe 1910: BUISSON Paul Joseph Louis, mort à 24 ans

BUISSON Paul Joseph Louis, fils de François Placide et de Magdeleine BUISSON, nait à Avignon le 24 février 1890. Il vit au Thor avec sa famille.

Paul vient d’effectuer son service militaire (octobre 1911-novembre 1913) lorsque la guerre est déclarée. Mobilisé, il rejoint le 3e RI. Envoyé sur le secteur de Dieuze, il est  blessé et fait prisonnier le 20 août 1914, comme 524 hommes de son unité. Envoyé dans le camp de prisonniers de Lechfeld (Bavière), il y décède de ses blessures le 11 septembre. Paul est inhumé dans le cimetière de Neuburg an der Donau (tombe 72-73).

Matricule 81—Bureau d’Avignon– Mort pour la France. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de St Saturnin ainsi que sur la plaque de la mairie.

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Classe 1910: TESTE Raphaël Albert, mort à 24 ans

TESTE Raphaël Albert, fils de Cyprien Pierre et d’Émilie Eugénie CREIX, nait à Monteux le 13 octobre 1890. Cultivateur, il vit à Jonquerettes avec sa famille.

Raphaël s’engage volontairement dans l’Armée pour 5 ans en septembre 1910. Il intègre alors le 1er régiment de chasseurs d’Afrique et part pour l’Algérie (septembre 1910-novembre 1911) et le Maroc (novembre 1911—aout 1914). Le 12 aout 1914, son régiment quitte Casablanca et débarque à Sète, puis passe par Carcassonne avant de rejoindre Juvisy. Raphaël fait partie du 1er escadron dit « de Benoist » et traverse Paris  le 2 septembre avant de rejoindre le front de la Marne. Le 1er novembre, le régiment se dirige vers la frontière belge afin d’appuyer une action anglo-française. Le 3 novembre, le 1er RCA reste toute la journée sous le feu de l’artillerie ennemie. Le 4, les hommes se maintiennent dans des tranchées exposées au feu. Le 5, le régiment attaque sur la route de Valverghem à Messines. Vers 17h, le 1er escadron se porte à la gauche des tranchées anglaises pour remplacer un bataillon de chasseurs qui a effectué un mouvement en arrière. Un corps à corps se produit. Malgré le défaut de baïonnettes et la situation critique, l’escadron tient pendant six heures. C’est probablement à ce moment là que Raphaël a dû être tué, comme 14 autres camarades. (Historique du 1er RCA).

Matricule 198 —Bureau d’Avignon– Mort pour la France—Médaille du Maroc—Son nom figure sur le monument aux morts de Monteux, sur les livres d’or de Jonquerettes et de Monteux

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Classe 1911: CLÉMENT Charles Étienne, mort à 20 ans

CLEMENT  Charles Étienne, fils de Marius Philippe et d’Adèle Virginie GAINTRAND, est né à St Saturnin le 18 septembre 1891. En 1911, journalier, il vit avec sa mère, ses frères et sœurs quartier des Grandes Terres.  Charles est incorporé à compter d’octobre 1912 pour accomplir son service militaire au sein du 4e Régiment de chasseurs d’Afrique à Tunis. La guerre se déclare alors qu’il est en service. Son régiment embarque à Alger le 9 aout et débarque à Sète le 12. Pas de permission délivrée en route pour saluer la famille. Par chemin de fer, Charles arrive à Lyon le 13 et débarque à Voujeaucourt, près de Montbéliard (Doubs) le 15. Son régiment est affecté à l’Armée d’Alsace, franchit la frontière et entre en Alsace le 16 aout. Le 19 au matin, le régiment se heurte à la sortie d’Heyviller (région d’Altkirsh) à des forces allemandes. Les soldats du 4e RCA partent pour leur premier combat plein d’enthousiasme mais se heurtent au feu des fusils et des mitrailleuses ennemis.

Le 19 août au matin, le régiment formant l’avant-garde de la 44e D.I. se heurte à la sortie S.E. d’Heyviller à des forces allemandes venues d’Huningue. Le 1er escadron (capitaine Penet) est en avant-garde du régiment. Son peloton de pointe s’engage au combat à pied. Le colonel donne l’ordre de charger. Au commandement vibrant du capitaine Penet, les pelotons Dabat, Broillat et Bonneaud, formés en vagues successives de fourrageurs, partent, soulevés d’enthousiasme. Au milieu des avoines, la charge franchit une crête, et, sous un feu effroyable de fusils et de mitrailleuses, traverse une première ligne d’infanterie allemande, se heurte à une deuxième tapie à la lisière des bois, tourne à gauche, traverse une troisième ligne subitement dressée en potence, fait un crochet pour éviter le feu d’auto-mitrailleuses établies sur la grande route, franchit cette route. Le lit d’un ruisseau formant défilement lui permet d’atteindre un petit bois où elle essaie de se rallier. Prise à partie par l’artillerie ennemie, elle repart au galop, rejoint enfin Heyviller et, peu après, le régiment. Le capitaine Penet et le lieutenant Broillat étaient tués. 68 gradés et chasseurs restaient sur le terrain. Un peu plus tard, une deuxième charge est exécutée vers le sud d’Heyviller par le peloton Belle, du 2e escadron, tandis que le peloton de Lorme, du 3e escadron, combat à pied. Blessé: le lieutenant Belle. Le mouvement d’encerclement de l’ennemi est arrêté par ces charges et par une audacieuse intervention de la S.M.

Charles Étienne est tué lors de ce combat. Il sera le premier tué saint-saturninois de la guerre.

Excellent trompette, courageux, ardent. A été tué le 19 aout 1914 en chargeant avec son peloton l’ennemi qui occupait le village d’Heyviller. A été cité. » citation 342 du 20  novembre 1920

Matricule 218—Bureau d’Avignon– Mort pour la France  –  Inscrit au tableau de la médaille militaire à titre posthume—Son nom figure sur le monument aux morts de St Saturnin, ainsi que sur la plaque de la mairie et le livre d’or de la commune.

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Classe 1911: MOREL Norbert, mort à 23 ans

MOREL Norbert Clément Philippe, fils d’Eugène Victor et de Zélie CUZIN, nait à Entrechaux le 26 mai 1891. En 1906, papetier, il vit à Chateauneuf de Gadagne avec sa mère et ses deux frères.  En 1911, Norbert réside à Malaucène tandis que sa mère domiciliée à St Saturnin.

Incorporé au 58e RI d’Avignon à compter d’octobre 1912 pour son service militaire, Norbert reste dans son régiment à la déclaration de la guerre. Il est blessé et fait prisonnier à Dieuze le 19 aout 1914.  Sans nouvelles, son frère Auguste, gravement blessé en septembre 1914, alors au dépôt des éclopés d’Avignon, demande de ses nouvelles à l’Armée.  Après enquête, il est établi que Norbert est décédé en captivité au camps d’Ohrdruf (Thuringe / Allemagne) des suites de maladie contractée en service, à priori le 1er septembre 1914 et y serait enterré. Ces renseignements ont été transmis à la famille le 16 aout 1915. Son corps sera rapatrié et inhumé au cimetière de St Saturnin le 28 février 1926.

 Matricule 256—Bureau d’Avignon– Mort pour la France—Son nom est inscrit sur le monument aux morts de St Saturnin, ainsi que sur la plaque de la mairie et le livre d’or de la commune.

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Classe 1911: NITARD Albert Joseph, mort à 27 ans

NITARD Albert Joseph nait le 15 avril 1891 à St Saturnin. Fils de Jean Joseph et d’Augustine ESTEVENIN, Albert vit avec ses parents, ses deux sœurs et sa tante maternelle dans le centre du village en 1911.  Incorporé au 13e régiment de chasseurs à cheval de Valence en octobre 1912 pour son service militaire,  il reste dans son régiment lorsque la guerre éclate en aout 1914. Albert est blessé une première fois le 23 octobre 1914 à Roulers (Belgique) par éclat d’obus au genou droit. De retour au Front, il passe ensuite au 75e RI (décembre 1915) avant de rejoindre le 340e RI (juin 1916). Blessé par éclat d’obus à la cuisse gauche le 3 septembre 1918, alors que son régiment attaque les positions ennemies de Lœuilly sous Coucy (Aisne), il décède à l’ambulance  le 9 dans le secteur de Gouvieux (Oise). Le même jour, son régiment compte 9 tués, 1 disparu et 96 blessés ou intoxiqués.

Son cousin Victor Joseph NITARD (classe 1915) est tué le 7 juillet 1916.

Prise de Leuilly sous Coucy – carte extraire du JMO 340eRI

Matricule 226—Bureau d’Avignon– Mort pour la France— Son nom est inscrit sur le monument aux morts de St Saturnin, ainsi que sur la plaque de la mairie et le livre d’or de la commune.

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à suivre …

1918. Du deuil national à la mémoire locale – St Saturnin lès Avignon

1/7 – Les Poilus de St Saturnin lès Avignon et de Jonquerettes – classes 1893 à 1900

2/7 – Les Poilus de St Saturnin lès Avignon et de Jonquerettes – classes 1901 à 1904

3/7 – Les Poilus de St Saturnin lès Avignon et de Jonquerettes – classes 1905 à 1908

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