L’association de généalogie de St Saturnin lès Avignon vous propose de découvrir le parcours des poilus de notre paisible village provençal. Voilà des semaines que nous sommes sur leurs traces, de leur départ sur le Front, les accompagnant dans l’enfer des tranchées jusqu’à leurs derniers instants, au combat ou sur un lit d’hôpital. Bien entendu, les hommages nationaux se multiplient avec le centenaire de l’Armistice. Toutefois nous vous proposons de mettre en avant « nos » 48 poilus, en les présentant des classes les plus âgées aux plus jeunes. St Saturnin et Jonquerettes, ils y sont nés, ou y ont résidé. Ils y ont joué enfant, dans nos cours d’école, y ont emprunté nos rues ou travaillé dans nos champs, ont participé à la vie de notre village avant le Grand départ depuis la gare d’Avignon. Ils ont laissé derrière eux des enfants, des épouses, des parents. Leurs histoires sont les nôtres, il y a tout juste 100 ans.
Aurélie BATTU, Régine CONFALONIERI et Jean Louis CRAPONNE
3ème épisode: des classes 1905 à 1908. ARMAND Clément, BEUNE Louis, CHABRAN Fernand, MARCELLIN Louis, BOUSSIER François, MONNIER Henri et REQUIN Joseph
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Classe 1905: ARMAND Clément Joseph, mort à 29 ans
ARMAND Clément Joseph, fils d’Antoine et d’Eulalie BALLOT, est né à Sainte Jalle (Drôme) le 13 novembre 1885. Cultivateur, il vit à Valréas lors de son service militaire en 1905, puis s’installe à Jonquerettes en 1910 avant St Saturnin en 1912.
Mobilisé à la déclaration de la guerre, il intègre le 258e RI d’Avignon. Le 20 septembre 1914, le 258e est en position dans le secteur d’Haltonville (Meuse)
Nos hommes tiennent ferme, et font éprouver de sérieuses pertes à l’adversaire. Mais la nuit arrive, à sa faveur l’ennemi parvient à s’infiltrer entre les tranchées, et à prendre les défenseurs entre deux feux. Beaucoup sont pris de panique et se réfugient dans le village où se livre un violent combat dans les rues d’Haltonville, au milieu des incendies des immeubles. Le capitaine Argaud qui a réussi à grouper autour de lui environ 200 hommes tient dans le village et sur les pentes d’Hattonchatel pendant toute la nuit. Au petit jour, il se replie lentement dans la direction de Chaillon.
Disparu ce jour là, il faudra attendre un jugement déclaratif du tribunal d’Avignon du 12 mai 1921 pour que son décès soit reconnu et noté sur les registres de St Saturnin.
Matricule 546—Bureau d’Avignon—Mort pour la France—Son nom figure sur le livre d’or de la commune mais n’apparait sur aucun monument aux morts
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Classe 1905: BEUNE Louis Jean mort à 33 ans
BEUNE Louis Jean, fils de Valentin, charpentier, et de Marthe Adélaïde MASSE, est né à Entraigues le 21 aout 1885. Papetier, il réside à St Saturnin depuis 1913. A la mobilisation générale, Louis intègre le 55e RI d’Avignon puis le 19e Régiment d’Artillerie de Nîmes en décembre 1914. Louis tombe malade, probablement de la grippe espagnole qui sévit à cette période. Envoyé en convalescence, il entre à l’hôpital d’Avignon le 4 octobre 1918 et y décède le 7. Sa fiche matricule indique « maladie non contractée en service ». Inscrit sur le monument aux morts en 1921, le titre de « Mort pour la France » lui est refusé lors de la rédaction du livre d’or de la commune à la fin des années 20.
« Maitre Pontier d’une conscience et d’un dévouement à toute épreuve. Le 18 juillet (1916) a continué à servir sa pièce sous un bombardement des plus violents. A donné à ses camarades un bel exemple de dévouement et de sang-froid » citation 139 du 9 aout 1916
Matricule 710—Bureau d’Avignon—Croix de Guerre—Non Mort pour la France—Son nom figure sur le monument aux morts de St Saturnin, ainsi que sur la plaque de la mairie. Sépulture en l’ossuaire national d’Avignon
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Classe 1906: CHABRAN Fernand François, mort à 30 ans
CHABRAN Fernand François, fils de François et de Marie Appolonie BESSAC, frère d’Ernest Casimir (classe 1902) est né à Sorgues le 1er septembre 1886. Ses parents divorcent rapidement après sa naissance et les deux frères deviennent pupilles de l’Assistance Publique. Fernand s’installe à St Saturnin lorsque son frère y épouse Marie Antoinette TALON en 1912. Il y épouse à son tour Rose Françoise MOULET le 24 janvier 1914.
A la mobilisation générale, Fernand rejoint le 258e RI. Il est blessé d’un coup de feu à la tête le 24 aout 1914 à Bussy. Classé dans les services auxiliaires après une période de convalescence, la commission de réforme le juge apte au service armé en septembre 1915. Il intègre alors le 84e RI en octobre 1915 tandis que sa femme est enceinte. Son frère Ernest est tué à Malancourt en mars 1916. Le mois suivant, Rose donne naissance à leur fille Marie Ange. Fernand incorpore ensuite le 246e RI (janvier 1918) et enfin le 169e RI (septembre 1918) en tant que clairon.
Fernand est tué à son tour le 1er octobre 1918 à Staden (Belgique) où il sera initialement inhumé avant un transfert de sa dépouille au cimetière militaire d’Ypres (Belgique) en juillet 1922—tombe 133, nécropole nationale St Charles de Potyze. Il sera décoré de la Croix de Guerre étoile de bronze à titre posthume.
« Tombé au champ d’honneur, glorieusement mort pour la France après avoir donné au cours d’une période de durs combats, toute la valeur de son héroïsme et de son dévouement » citation
Matricule 635—Bureau d’Avignon– Mort pour la France— Croix de guerre étoile de bronze. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de St Saturnin ainsi que sur la plaque de la mairie et le livre d’or de la commune
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Classe 1907: MARCELLIN Louis, mort à 28 ans
MARCELLIN Louis, fils d’Étienne et de Louise CALVINI est né le 2 septembre 1887 à St Saturnin. Sa mère décède en 1889. Veuf avec deux enfants en bas-âge, son père se remarie avec Joséphine DUCRES. En 1906, Louis est journalier et vit avec son père, sa belle mère, son frère Marius, sa demi-sœur Léonie son demi-frère Martin (né à Avignon), au quartier des Confines. La famille s’installe ensuite à Pélissanne, où Louis se marie le 30 novembre 1912 avec Virginie TOSCANI.
Mobilisé en aout 1914, il rejoint le 258e régiment d’Infanterie d’Avignon. Son jeune frère Marius, âgé de 21 ans, est tué en juin 1915. Louis est tué à son tour le 26 septembre 1915 dans le secteur du bois de Malancourt où son régiment a été décimé.
Le 22 septembre 1915, commença de notre côté un bombardement très violent des tranchées allemandes. C’était la préparation de l’offensive qui allait se faire en Champagne, et dans le secteur du bois de Malancourt. L’action se réduisit tout d’abord à de violents tirs de notre artillerie, semblant préparer une attaque, et en même temps des brèches étaient faites dans nos réseaux de fils de fer pour permettre à nos hommes de se porter en avant. L’artillerie allemande répondit avec vigueur et le 258e subit des pertes assez sensibles par des obus de gros calibres et des torpilles. Du 22 au 26 septembre, le régiment eut dix tués et cinquante blessés dont trois officiers – JMO du 258e RI
Le malheur frappera encore la famille puisque son dernier frère, Martin, décèdera d’une tuberculose pulmonaire le 8 octobre 1918.
Matricule 1242—Bureau d’Avignon– Mort pour la France—Son nom est inscrit sur le monument aux morts et le livre d’or de Pélissanne
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Classe 1908: BOUSSIER François Marie, mort à 26 ans
BOUSSIER François Marius (Marie) Célestin, fils de Xavier et de Joséphine RICHIER, nait le 8 septembre 1888 à St Saturnin. Cultivateur, il effectue son service militaire au 3e régiment d’infanterie de Digne en 1908. Il vit quartier du Pré de Jonquières avec ses parents et ses sœurs en 1906. Mobilisé en août 1914, il disparait dès le 20 à Dieuze (Lorraine). Ce jour là, son régiment compte 5 tués et 546 blessés ou disparus. Son père demandera des nouvelles auprès de la Croix Rouge, qui lui confirmeront le décès de son fils. François est un des premiers saint-saturninois tué dans ce conflit.
Matricule 1145—Bureau d’Avignon– Mort pour la France. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de St Saturnin ainsi que sur le livre d’or de la commune et la plaque de la mairie
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Classe 1908: MONNIER Henri Armand, mort à 27 ans
MONNIER Henri Armand, fils d’Armand Auguste et de Marie Louise GIRARD, est né à St Saturnin le 8 janvier 1888. Tailleur d’habits à Avignon, il y épouse Anastasie FABRE, couturière, le 23 janvier 1912. Mobilisé en aout 1914, il intègre le 8e RI colonial de Toulon. Fait prisonnier à une date inconnue, Henri décède le 11 juin 1915 à l’hôpital de Döberitz (à 6km de Berlin) d’une maladie contractée en service (renseignements de source allemande). Sa veuve reçoit un secours de 150 francs en septembre 1915.
Matricule 1177—Bureau d’Avignon—Mort pour la France—Son nom ne figure sur aucun monument aux morts ni aucun livre d’or
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Classe 1908: REQUIN Joseph Lucien, mort à 26 ans
REQUIN Joseph Lucien, fils de Joseph François et de Julie Henriette BOUSSIER, est né à Jonquerettes le 9 mars 1888. Cultivateur, il vit dans le centre ville de Jonquerettes en 1906 avec ses parents, sa sœur, son grand père et sa tante maternelle. Il y épouse Marie Françoise GUINTRAND le 26 avril 1913.
A la mobilisation générale, il intègre le 24e bataillon de chasseurs à pied de Villefranche. Entre le 15 et le 21 novembre, son bataillon fait le service des tranchées dans des conditions excessivement pénibles à cause de la pluie, du froid et de la neige, sans relève. Le 15 et le 16, le bataillon est soumis à un bombardement violent. Joseph est blessé le 16 novembre 1914 aux environs d’Ypres. Durant ces deux jours, son bataillon compte une soixantaine d’hommes tués ou blessés. Conduit à l’hôpital complémentaire n°38 de Deauville, Joseph décède des suites de ses blessures le 25. Son corps sera rapatrié et enterré au cimetière de Jonquerettes.
Matricule 1089—Bureau d’Avignon—Mort pour la France. Son nom figure sur le livre d’or de Jonquerettes.
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A suivre …
1918. Du deuil national à la mémoire locale – St Saturnin lès Avignon
1/7 – Les Poilus de St Saturnin lès Avignon et de Jonquerettes – classes 1893 à 1900
2/7 – Les Poilus de St Saturnin lès Avignon et de Jonquerettes – classes 1901 à 1904
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