L’association de généalogie de St Saturnin lès Avignon vous propose de découvrir le parcours des poilus de notre paisible village provençal. Voilà des semaines que nous sommes sur leurs traces, de leur départ sur le Front, les accompagnant dans l’enfer des tranchées jusqu’à leurs derniers instants, au combat ou sur un lit d’hôpital. Bien entendu, les hommages nationaux se multiplient avec le centenaire de l’Armistice. Toutefois nous vous proposons de mettre en avant « nos » 48 poilus, en les présentant des classes les plus âgées aux plus jeunes. St Saturnin et Jonquerettes, ils y sont nés, ou y ont résidé. Ils y ont joué enfant, dans nos cours d’école, y ont emprunté nos rues ou travaillé dans nos champs, ont participé à la vie de notre village avant le Grand départ depuis la gare d’Avignon. Ils ont laissé derrière eux des enfants, des épouses, des parents. Leurs histoires sont les nôtres, il y a tout juste 100 ans.
Aurélie BATTU, Régine CONFALONIERI et Jean Louis CRAPONNE
2ème épisode: des classes 1901 à 1904. ESTEVENIN Victor Jules, CHABRAN Ernest Casimir, MACHIN Joseph, ESTELLON Joseph Auguste, DUCRES Victor et GIRARD Albert
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Classe 1901: ESTEVENIN Victor Jules, mort à 37 ans
ESTEVENIN Victor Jules nait le 5 juin 1881 à St Saturnin. Fils de Joseph et de Marie Eugénie BLANC, cultivateur, il vit avec ses parents quartier des Confines en 1911.
Classé dans les services auxiliaires en 1904 pour faiblesse, la commission de réforme d’Avignon le juge apte au service armé en novembre 1914. Victor est tout d’abord incorporé au 258e RI en décembre, puis intègre le 56e bataillon de chasseurs à pied, 8e section , en avril 1916.
Le 15 juillet 1918, son régiment est pris sous une violente canonnade dans le secteur de Festigny les Hameaux (Marne). Une des missions de la 8e section consiste à former un front défensif sur la côte 208. Le bataillon lutte dans les sous-bois toute la journée. A 20h, l’ordre de repli est donné. Victor est tué lors de ce combat, comme 17 autres camarades. Ce jour là, son régiment compte également 15 disparus, 31 blessés et 3 intoxiqués. (récit du combat JMO 26N 830/4 p.56-62/120)
Matricule 652—Bureau d’Avignon– Mort pour la France—Son nom est inscrit sur le monument aux morts de St Saturnin ainsi que sur la plaque de la mairie et le livre d’or de la commune.
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Classe 1902: CHABRAN Ernest Casimir, mort à 34 ans
CHABRAN Ernest Casimir, fils de François et de Marie Appolonie BESSAC, est né le 25 juin 1882 à Vacqueyras. Après son service militaire en Tunisie, Ernest exerce le métier de maréchal-ferrant à Lyon, avant de s’installer dans le Vaucluse et d’épouser Marie Antoinette TALON au Pontet le 23 novembre 1912. Leur fille Jeanne Rosalie nait en aout 1913. La famille s’installe aux Valayans en mai 1914.
Ernest est mobilisé en aout 1914 et est incorporé au 258e RI d’Avignon. Son frère Fernand François CHABRAN (classe 1906) et son beau frère de Gabriel CEBE (classe 1893) sont également mobilisés.
Son régiment est engagé dans la bataille de Malancourt en mars 1916. Ernest disparait lors de ces combats le 20 comme de nombreux camarades de régiment originaires de Provence, tués ou capturés.
Le 20 mars 1916, vers 7heures du matin, commença le bombardement excessivement violent par obus et torpilles de nos positions du bois et à l’est du bois. Les abris construits avec des rondins étaient insuffisamment résistants, et au bout de quelques heures, les tranchées étaient complétement bouleversées et démolies. De nombreux hommes étaient ensevelis dans leurs abris. Les avions allemands, qui survolent seuls nos lignes sur le bois, règlent le tir sans être gênés, et l’absence de feuilles aux arbres facilite leur travail de réglage. Les tranchées de première ligne, si bie organisées pour des attaques par surprise, n’étaient plus que trous d’obus et abris effondrés. Cette ligne de tranchées ne pouvait plus offrir la moindre résistance et cependant, quelques allemands, vers 14h30, après un « Trommel Feuer » formidable, attaquèrent les tranchées occupées par le 258e avec des jets de liquide enflammé; ils trouvèrent devant eux des poilus, qui ayant pu échapper au bombardement, arrêtèrent leur marche en avant et leur causèrent des pertes sensibles.
Sa femme demandera des renseignements sur une possible captivité auprès de la Croix Rouge. Il est déclaré comme étant décédé ce jour en janvier 1919.
Matricule 534—Bureau d’Avignon– Son nom est inscrit sur le monument aux morts de St Saturnin, ainsi que sur la plaque de la mairie et le livre d’or de la commune
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Classe 1902: MACHIN Joseph, mort à 36 ans
MACHIN Joseph, fils d’Émile et de Léonie GAUDOT, ainé de 7 enfants, est né à Brion (Saône et Loire) le 6 novembre 1881. En 1906, papetier à Gromelle, il vit à Vedène avec sa femme Philomène TUCELLI et leurs deux enfants Émile (1902-1983) et Louise (1904-1993). Trois autres enfants verront le jour avant sa mobilisation: Jean Marie (1907-1907), Sauveur (1908-1909) et Francis Albert (1912-).
A la mobilisation générale, il intègre le 58e RI d’Avignon. Après avoir pris part avec son régiment aux combats de Dieuze et de la Marne (1914), à l’offensive de Champagne (1915) et à la guerre des tranchées de Verdun (1916), Joseph et le 58e RI sont envoyés sur le Front d’Orient. Parti de Marseille pour Salonique en janvier 1917, le 58e passe par le secteur d’Osin, d’Athènes et se fixe à l’ouest de Monastir fin juillet 1917. Le terrain est difficile puisque très rocheux et les « tranchées » font à peine 80cm de profondeur. Joseph est blessé par un éclat de torpille le 4 aout. Il décède au poste chirurgical le 14 aout 1917 près de Bitola (ex Monastir / Macédoine actuelle). Son corps est enterré dans le cimetière militaire de Bitola (tombe individuelle 5279).
Matricule 534—Bureau d’Avignon– Mort pour la France—Son nom est inscrit sur le monument aux morts de St Saturnin, sur le livre d’or de la commune et sera ajouté à la plaque commémorative de la mairie (à cause de l’enregistrement du décès tardif)
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Classe 1903: ESTELLON Joseph Auguste Mamert, mort à 31 ans
ESTELLON Joseph Auguste (Augustin) Mamert, fils de Laurent Abel et de Joséphine BOURGET, frère de Joseph Étienne Mamert, est né à Drignac (aujourd’hui renommée Ally – Cantal) le 14 juin 1883. Il vit avec sa famille à Courthézon quand, alors étudiant, il s’engage volontairement dans l’Armée pour trois ans en novembre 1902.
Joseph devient second canonnier conducteur en novembre 1902, puis brigadier fourrier en janvier 1904 et maréchal des logis le 4 octobre 1904. Il se réengage pour un an en aout 1905, puis pour un an de plus en 1906, et enfin pour deux ans supplémentaires en novembre 1907. Joseph obtient le grade de maréchal des logis fourrier en juin 1908. Il choisit de poursuivre sa carrière militaire et de compléter par la théorie ses acquis du terrain. Il est nommé élève officier en octobre 1908 et est admis à suivre les cours de l’école militaire de l’artillerie et du Génie.
Joseph est promu sous-lieutenant par décret en septembre 1909 au 6e régiment d’artillerie puis obtient le grade de lieutenant le 1er octobre 1911. Il intègre ensuite le 55e régiment d’artillerie en janvier 1912.
Concernant sa vie privée, Joseph épouse Amélie SANDRIN le 11 juillet 1907 à Courthézon. Le couple a un fils, Abel, (1907) et une fille Marie Madeleine (1909).
A la mobilisation générale, Joseph encadre les recrues au dépôt. Le régiment prend le train et remonte la rive droite du Rhône. Il passe par Lyon, Dijon, Neufchâteau et Mirecourt, puis enfin Vélize. Le régiment se rassemble dans les environs d’Haroué. Les différends groupes d’artillerie ont pour mission de préparer la marche de l’infanterie dans le village de Montcourt. Le premier feu se tient le 14 aout 1914. Le 16, après deux nuits passées sur le champs de bataille sous la pluie, le régiment rassemblé passe la frontière (Lorraine annexée). L’ennemi continue sa retraite, trop rapide de l’avis de certains. Le 18, le régiment se trouve en batterie dans les environs de Dieuze. Derrière eux, les étangs de Lindre, par devant se trouve les pentes boisées de Bénestroff. L’infanterie est arrêtée par l’ennemi qui a ajouté aux défenses naturelles une organisation puissante. Des tranchées bétonnées et une importante artillerie le protègent. Pendant toute la journée, des avions ennemis survolent à faible hauteur les positions françaises, réglant par fusées le tir dont la précision croit sans cesse. Les pertes sont lourdes. Pas d’autre abri que celui offert par le matériel, et ce durant deux jours. C’est le 19 que Joseph, lieutenant de la 1ère batterie, est mortellement atteint par un obus à son poste de combat. C’est le premier officier tué au régiment. C’est aussi un des premier poilu saint-saturninois à tomber.
Matricule 653—Bureau d’Avignon– Son nom est inscrit sur les monuments aux morts de St Saturnin et de Courthézon, sur le livre d’or de Courthézon, et sur les plaques commémoratives des deux mairies.
Dossier Légion d’Honneur non retrouvé (contrairement au dossier de son fils Abel qui a lui aussi obtenu la Légion d’Honneur/ enseigne de vaisseau 2nde classe en 39-45). Absent du tableau d’Honneur (L’Illustration) – Historique du 55e RAC—sans date—disponible sur Gallica
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Classe 1904: DUCRES Victor Marius, mort à 31 ans
DUCRES Victor Marius, fils de François Xavier et de Sylvie GOUBET, frère d’Henri est né le 22 novembre 1884 à St Saturnin. Sur le recensement de 1911, il est domicilié avec sa mère quartier des Grandes Terres et exerce le métier de maçon. Victor épouse Émilie Julie LAFFONT à St Saturnin le 26 aout 1911. Leur fils Augustin nait en aout 1912.
Lors de la mobilisation générale, Victor est incorporé au 58e RI d’Avignon en décembre 1914 puis passe au 141e RI de Marseille en mars 1915. Victor intègre ensuite le 415e RI. Il est cuisinier en seconde ligne avant de passer en première ligne fin aout 1915. Il est tué à Perthes les Hurlus (Marne) le 25 septembre 1915, d’une balle dans la tête. (sur sa fiche matricule, son décès est noté au 2 octobre 1915 bien que sur le JMO du régiment sont nom n’est noté pour aucune des deux dates).
Victor écrivait chaque jour à sa femme. Toutes ses lettres ont été conservées par son épouse, puis son fils Augustin et aujourd’hui son petit fils Jacques.
Matricule 616—Bureau d’Avignon– Mort pour la France—Son nom figure sur le monument aux morts de St Saturnin ainsi que sur les plaques de la mairie et de l’église ainsi que sur le livre d’or
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Classe 1904: GIRARD Albert
GIRARD Albert, fils de Claude et de Virginie COURTIL, nait à Avignon le 19 juillet 1884. Journalier puis ouvrier d’usine chez les frères PICHAT, il épouse Joséphine ESTELLON le 14 avril 1910 à St Saturnin. En 1911, il vit quartier des Grandes Terres avec sa femme et ses enfants, Claudine née en 1910 et Félix né en 1913.
A la mobilisation générale, il incorpore le 258e RI d’Avignon au poste de clairon. Il est signalé disparu dès le 29 septembre 1914 à St Mihiel (Marne) sur sa fiche matricule mais son décès est antérieur puisque fixé au 20 septembre 1914.
Sa femme demande une enquête auprès de la Croix-Rouge et obtiendra une réponse négative quant à une hypothétique captivité 8 mois plus tard. Il faudra attendre un jugement déclaratif du tribunal d’Avignon en date du 17 novembre 1920 pour que son décès soit reconnu et noté sur les registres communaux.
Matricule 653—Bureau d’Avignon– Mort pour la France. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de St Saturnin ainsi que sur la plaque de la mairie et le livre d’or de la commune.
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A suivre …
1918. Du deuil national à la mémoire locale – St Saturnin lès Avignon
1/7 – Les Poilus de St Saturnin lès Avignon et de Jonquerettes – classes 1893 à 1900
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