Nizier Anthelme PHILIPPE, le Raspoutine savoyard

Nizier

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Sur les traces de mes ancêtres COTTAREL de Loisieux (Savoie), et au fil des pages internet concernant l’histoire de ce village, je rencontre fréquemment le nom de Nizier Anthelme PHILIPPE. Différents qualificatifs accompagnent ce personnage: chimiste, thaumaturge, mage, « maitre Philippe de Lyon », conseiller du tsar… Il n’en faut pas plus pour piquer ma curiosité. Je décide donc de creuser un peu plus et essaie de trouver un lien entre nos deux familles. Dans un si petit village, cela n’est pas bien compliqué et rapidement j’établis que les COTTAREL et les PHILIPPE sont liés par un lointain ancêtre, Vincent GARIOUX (GARIOD).

tableau

Bien loin de moi l’idée de donner mon jugement sur les actes de cet homme, qui a de nombreux « disciples » aujourd’hui encore. Je me bornerais simplement à exposer les faits, laissant les lecteurs juger de ses « miracles » en consultant les différents sites le concernant (liens en fin d’article).

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Ainé d’une fratrie de 5 enfants, fils de Joseph PHILIPPE et de Marie VACHOD, cultivateurs modestes de Loisieux (Savoie), Nizier nait le 25 avril 1849 au hameau des Rubattiers. Son parrain est Nizier VACHOD et sa marraine est sa grand-mère Anthelmette COTTAREL.
Nizier, prénom original, mais courant à Loisieux, puisque la paroisse porte le nom de ce saint, évêque de Lyon au VIe siècle.
naissance
AD Savoie, 3E1357 Baptêmes 1842-1860 p.83/199
Le jeune homme quitte son village à l’âge de 14 ans pour effectuer un apprentissage de garçon-boucher chez son oncle maternel, lui-même boucher à Lyon, rue d’Austerlitz, quartier de la Croix-Rousse. Est-ce pour l’éloigner d’un voisinage curieux, ou bien par nécessité ? Il dira plus tard : « J’avais six ans à peine et déjà le curé de mon village s’inquiétait de certaines manifestations, dont je n’avais pas encore conscience… J’obtenais des guérisons dès l’âge de treize ans, alors que j’étais encore incapable de me rendre compte des choses étranges qui s’opéraient en moi. »
C’est d’ailleurs dans cette boucherie qu’il dévoile son don de guérison en public pour la première fois. « Son oncle s’étant grièvement blessé d’un coup de hachette, Philippe fixa la main qui saignait abondamment et se mit en prière. Il supplia Dieu de raccommoder le pouce détaché de la main. En quelques instants, le sang coagula, la plaie se cicatrisa et le doigt bandé par le jeune homme se ressouda promptement. À l’hôpital, le médecin de garde voyant la blessure propre et sans infection, renonça aux points de suture traditionnels, se contentant de placer une attelle de protection. Le bouche à oreille fonctionna vite dans le quartier, et le jeune commis boucher fut sollicité par le voisinage au moindre accident. »
Le jeune homme, suit gratuitement les cours du soir de l’institution Sainte Barbe de Lyon puis s’inscrit comme auditeur libre à la Faculté de médecine de Lyon.
En 1872, inspiré par les doctrines de Franz Anton Mesmer (1734-1815), il ouvre un cabinet de magnétiseur au 5 boulevard du Nord.
Entre 1874 et 1875, il fréquente le service du professeur TEISSIER à l’Hôtel-Dieu. L’élève PHILIPPE n’est pas un étudiant ordinaire et ses prises de positions contre certains traitements ou opérations prescrits par les médecins ne plaisent pas. Il est empêché de continuer ses études car accusé de « pratiquer une médecine occulte ».

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Il se marie le 6 octobre 1877 à l’Arbresle (Rhône) avec Jeanne LANDAR (1859-1939), fille de richissimes industriels lyonnais, propriétaire du domaine de Collonges. Ensemble ils auront 2 enfants: Victoire Jeanne (1878-1904) et Albert (1880-1881).
mariage 1
AD Rhône, 4E6002 Mariages L’Arbresle 1877 – p.5-6/10
Après son mariage, Nizier PHILIPPE continue de soigner et de guérir de manière miraculeuse un flot continuel de malades. Les médecins de Lyon lui intentèrent plusieurs procès pour exercice illégal de la médecine, malgré le fait qu’il ne demandait aucun honoraire. Nizier fut condamné à plusieurs reprises avec de faibles amendes.

accusation

De nombreux sites internet lui prêtent une carrière assez incroyable, ces titres et diplômes étant difficilement vérifiables. Que penser par exemple de ce doctorat de médecine conféré par l’Université de Cincinnati? Même dans l’hypothèse farfelue de cours par correspondance, parlait-il suffisamment bien l’anglais? Un document est effectivement disponible sur internet mais cela ne confirme absolument rien. Les autres éléments indiqués semblent plus probables.

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« Nul n’est prophète en son pays ». Cet adage convient particulièrement à Nizier. Si les médecins français ne veulent pas de lui, sa notoriété dépasse les frontières. Par ses relations martinistes (courant de pensée ésotérique), il côtoie du beau monde dont une femme qui lui présente les Grandes duchesses Militza de Monténégro (1866-1951, épouse du Grand-Duc Pierre de Russie) et Anastasia de Monténégro (1867-1929, épouse du Grand-Duc de Russie). C’est probablement grâce à elles qu’il reçoit le titre du « Grand Ordre du Monténégro » en 1901. C’est aussi grâce à cet entourage que sa renommée arrive aux oreilles du tsar Nicolas II. Ce dernier l’aurait rencontré à Compiègne le 20 septembre 1901. En 1902, Nizier se rend en Russie, à Tsarkoïe-Selo où la famille impériale l’avait demandé. Le tsar le nomme général d’une commission d’inspection sanitaire. Nizier n’y restera que quelques mois. Raspoutine prit sa suite auprès de la famille impériale.

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Les années 1904-1905 sont plus douloureuses. En août 1904, sa fille bien-aimée âgée de 25 ans décède brusquement. Il ne se remettra jamais de ce drame, « cette mort m’a crucifié vivant ». Nizier se retranche à l’Arbresle où il décède le 2 août 1905, à l’âge de 56 ans. Le lendemain de sa mort, un article de La Dépêche de Lyon annonce « Philippe fut un brave homme, qui, s’il ne guérit pas toujours, fit autour de lui beaucoup de bien. Sa libéralité était proverbiale, et bien des déshérités de la fortune le pleureront. »
acte de décès
AD Rhône, Décès 1905 L’Arbresle 4E 11669 p.8/14

tombe copie

Ses funérailles se déroulèrent le 5 août en présence d’une foule considérable. Sa tombe au cimetière de Loyasse est aujourd’hui encore un lieu de pèlerinage.

 

 

 

 

 

 

 

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Pour en savoir plus:

 

dico de Lyon copie

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